5 Bonnes Histoires Le Vendredi - à Quai des Bulles 2025
Cette semaine, toute l'équipe est au Festival Quai des Bulles de Saint-Malo. Pour fêter ça, nous vous proposons une édition exceptionnelle dédiée à la Bande Dessinée…
Voici les 12 bonnes histoires du vendredi, sélectionnées avec soin et attention par Yannick Lejeune et Michael Cesneau, l’équipe de La Machine à Ecrire.
(Pour ceux qui préfèrent les séries, les court-métrages, les podcasts et tout le reste, restez avec nous, la newsletter revient dans son format normal dès la semaine prochaine !)
Un album pour faire un voeu
Au Caire, les vœux se trouvent en bouteille, classés par puissance et strictement régulés par l’État. Trois destins s’y croisent : Aziza, arrêtée pour avoir osé posséder un vœu trop précieux ; Noud, en pleine dépression, qui hésite à s’en servir pour aller mieux ; et Shokry, vendeur de vœux, confronté à une demande qui ébranle ses convictions. De cet univers à la fois magique et ancré dans le réel, Deena Mohamed tisse un conte philosophique, politique et poétique. Le récit aborde avec finesse la santé mentale, l’autoritarisle, le deuil et la résistance, au cœur d’une fantasy urbaine nourrie par l’Égypte contemporaine (il est d’ailleurs imprimé dans le sens original de lecture). Réédité à l’occasion de l’anniversaire de son éditeur et salué par de nombreuses sélections, cet album envoûtant interroge : peut-on désirer librement dans une société rongée par l’injustice ?
Shubeik Lubeik de Deena Mohamed, chez Steinkis
Un album sur une ancienne fin du monde
En 1783, une brume jaunâtre et pestilentielle s’abat sur la France. Le ciel s’obscurcit, les bêtes meurent, l’eau devient poison. Dans une auberge isolée, Madeleine et son demi-frère Benjamin résistent tant bien que mal aux éléments, mais surtout à leurs propres démons car leur famille se déchire. Dans ce huis clos suffocant, Ken Broeders signe un drame psychologique et semi-fantastique. Loin d’un récit apocalyptique classique, Le Souffle du diable transforme alors la fin du monde en révélateur de rancunes enfouies, de silences douloureux et des vices humains. Mais le vrai point fort de ce récit sombre et tendu, basé sur un fait réel, c’est sa fin qui offre une étonnante relecture du récit et lui donne toute sa force. Une vrai bonne surprise !
Le souffle du diable de Ken Broeders, chez Anspach
Un album sur un combat remporté
Quand le cancer frappe à la porte, Magali Le Huche choisit de ne pas l’affronter seule. Elle convoque Joe Strummer, les riffs crasseux du punk, et toute une sororité de femmes en lutte. Dans Punk à seins, elle raconte, avec humour et lucidité, sa traversée de la maladie. À travers ses dessins, elle explore le corps transformé, la peur, la rage, mais aussi l’amitié, le lien avec sa grand-mère — passée par là avant elle. Le trait est expressif, le ton libre, l’émotion jamais forcée : une œuvre forte entre récit intime et autofiction enragée, pleine de rock’n roll.
Punk à seins de Magali Le Huche, chez Dargaud
Deux albums d’un auteur rock’n roll
Depuis quelques années, Daniel Warren Johnson (Do a Power Bomb) secoue la BD américaine à grands coups de fracas visuel et d’émotions à vif. Dans Murder Falcon, il signe une ode furieuse au pouvoir cathartique du heavy metal : Jake, musicien brisé, est choisi par Murder Falcon, un faucon bodybuildé au bras mécanique, pour repousser les ténèbres en grattant sa guitare électrique. Métaphore explosive du deuil et de la résilience, le récit mêle Kaijus, monstres d’heroic-fantasy et solos saturés dans un feu d’artifice graphique. Plus étrange mais tout aussi viscéral, The Moon Is Following Us suit deux parents prêts à tout pour retrouver leur fille, perdue dans un monde oscillant entre SF et médiéval-fantastique. Si vous aimez les comics qui cognent autant qu’ils touchent, ces deux titres confirment le talent brut de DWJ : un auteur qui transforme la douleur en énergie pure. Incontournable.
Deux albums qui se rappellent les grandes heures de la BD
Mes années Hara-Kiri et La Porte ouverte se répondent comme deux chapitres d’un même grand récit : celui d’une bande dessinée française en pleine ébullition. Dans le premier, Daniel Fuchs, homme de l’ombre, raconte avec verve les débuts chaotiques du journal Hara-Kiri sous la houlette du Professeur Choron, où l’anarchie joyeuse flirtait avec la provocation absolue. Le témoignage offre une plongée dans les coulisses d’une presse qui rêvait de faire trembler le pouvoir et la société à coups de gros mots et de liberté débridée. Le second, plus intime, suit les premiers pas de Dominique Hé dans le sillage de Moebius, à l’université de Vincennes. Entre cours improvisés et rencontres fondatrices (Giraud, Druillet, Mézières), il retrace l’apprentissage d’un auteur… et d’un art qui s’émancipe. Vibrants, drôles, parfois touchants, des deux récits racontent une époque laboratoire du 9e art, où tout semblait possible — et où tout l’a été.
Mes années Hara-Kiri, de Joub, Nicoby & Daniel Fuchs chez Glénat
La porte ouverte – Mes années Moebius, de Dominique Hé chez Glénat
Un album pour retrouver de vieux compères
Avec Le Trésor de San Inferno, Spirou et Fantasio reprennent du service direction un village perdu d’Amérique centrale, une catacombe mystérieuse, un squelette énigmatique et un médaillon à décrypter. Trondheim au scénario et Tarrin au dessin ressuscitent le Spirou de Franquin dans ce deuxième opus de la collection « Classique ». Seccotine est de la partie, un sombrero menaçant plane, les rebondissements s’enchaînent, et il flotte ce parfum délicieusement rétro de BD à l’ancienne. Hommage soigné à l’école de Marcinelle, San Inferno coche toutes les cases de la chasse au trésor pulp : humour bon enfant, faux extraterrestres, jungle moite et course contre la montre. Un ticket vintage à savourer, pour les jeunes curieux comme pour les vieux fans, qui prouve qu’on peut faire du neuf avec du vieux sans en trahir l’esprit.
Le Trésor de San Inferno, de Lewis Trondheim & Fabrice Tarrin chez Dupuis
Un album pour avoir un peu peur
Abby rêvait de dragons, elle se réveille prisonnière d’un conte gothique bien plus sombre. En s’installant chez son compagnon David, elle découvre une maison pleine de non-dits, de silences étouffants… et d’une ombre persistante : celle de la femme disparue. Emily Carroll, grande prêtresse de l’horreur graphique, signe un huis clos psychologique glaçant, hanté par les fantômes intérieurs et les attentes sociales étouffantes. À travers des planches somptueuses et une tension insidieuse, elle oppose les fantasmes d’héroïsme aux chaînes invisibles du quotidien. Dans la lignée des précédents titres de l’autrice louée par Guillermo del Toro, ce récit trouble distille un malaise élégant, explorant l’effacement de soi au sein du couple. Une perle sombre et envoûtante, à lire la lumière allumée.
Une invitée dans la demeure d’Emily Carroll chez 404 Graphic
Un album pour échapper à la corvée des fêtes
Fuir les guirlandes et les tensions familiales pour une nuit de liberté à Paris ? C’est le pari d’Ève et Simon, couple au bord de l’explosion, qui claque la porte un 24 décembre pour s’offrir une parenthèse inattendue. Un Noël à Paris est une nouvelle comédie romantique urbaine signée Jim, sublimée par le trait élégant de Giuseppe Liotti. Dialogues vifs, ambiance festive, rencontres imprévues : tout respire l’esprit de Noël, sans jamais tomber dans la mièvrerie. Derrière la légèreté, le récit touche juste : usure du quotidien, besoin de souffle, envie de se retrouver loin des conventions. Parfaitement calibré pour la fin d’année, ce roman graphique offre une alternative sincère et sensible aux téléfilms de saison.
Un Noël à Paris, de Jim et Giuseppe Liotti chez Le Lombard
Un album pour apprendre à faire ses propres albums
Ils sont quatre et ils veulent faire de la BD. L’un dessine bien mais n’a pas d’idées, l’autre a trop d’idées mais ne sait pas raconter, la troisième doute d’elle-même, et le dernier est juste curieux. Ensemble, ils décident de former un club pour apprendre les bases du 9e art. Et avec Scott McCloud (le pape de la théorie BD) au scénario et Raina Telgemeier (la reine de la BD ados), il n’y a pas que les personnages qui vont apprendre. La bande des bédémaniacs est bien plus qu’un roman graphique jeunesse : c’est un manuel de narration déguisé en comédie jeunesse. On y apprend à construire une histoire, à créer des personnages, surmonter ses blocages… et surtout, à croire en sa voix. C’est drôle, bien rythmé, ultra pédagogique, un outil rêvé pour initier les jeunes — ou les moins jeunes — à la création graphique et à l’amitié.
La bande des bédémaniacs de Scott McCloud et Raina Telgemeier chez Rue de Sèvres
Un nouvel épisode de La Machine à Ecrire est arrivé !
Dans cet épisode, nous recevons Thomas VDB !
Liens d’écoute : https://smartlink.ausha.co/la-machine-a-ecrire/thomas-vdb-fiascorama
Crédits photos : Léa Schneider
On vous a transféré 5 bonnes histoires ?
5 bonnes histoires, c’est la sélection hebdo de récits intéressants, émouvants, passionnants découverts dans la semaine par l’équipe de La Machine à écrire, le podcast de celles et ceux qui créent des histoires.
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Je crois qu'une image de Maurice Sendak s'est glissée dans ce billet :)
Merci pour cette sélection. Tout ne me parle pas mais certaines de vos propositions m'intéressent beaucoup - et devraient intéresser mon entourage aussi :-)
Par contre, il y a 11 recommandations, pas 12 ;-)